Récits vagants

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Vite dit

Loin

Il se justifiait, disais j'me sens si loin à des moments. C'est pas toi, c'est pas vous, peut-être le monde qui est trop grand.

Divaguée

En ce moment qu'on se le dise j'écris de la merde et aux abois. En ce moment même sans tise mes cris s'immergent et se noient.

Mon cerveau divague, vagues, y'a même de l'écho. C'est la preuve du vide, si j'en crois mes restes de philo. Physique. Métaphysique. Je m’emmêle les concepts et les pinceaux, surtout les mots et je l'accepte. Mon cul. La haine. Au corps, au cœur, la détresse s'il le faut mais c'est un peu moins rageur. Le vide en boucle et au créneau.

Cervelle embourbée, envasée, dispersée. T'as déjà vu de l'agglo bouffé aux termites ? Ca vole au vent et s'écroule en pourrissant. Mon esprit si brillant, la vivacité du diamant, ou bien sa pureté tailladant, s'embourbe méchamment. Je ferme ma gueule ou du moins reconnaît que j'en ferais bien. Que je recommencerai sans doute un jour mais de là à faire mieux... Qu'en attendant il me reste à cesser et lire un peu plus mes dieux. Sans jalouser leurs écrits démentiels et leur génie. Je ne suis pas de ce bois là moi monsieur, je suis du bois vert qui n'a jamais rien promis sinon trois pages un peu pourries déjà.

Croyez pas qu'vous abandonne, comme disait l'autre cramé déjà. Et puis je ne vous laisse pas le pire j'en allège déjà le poids en fermant ma gueule aux abois. La boite à merde arrête un peu de s'ouvrir et quitte à vous souffrir autant ne pas en plus me faire subir.

Enfin, on verra bien. Le grattement du papier pourra bien vous réserver du pire en cessant de s'arrêter.

Enfant de plomb

C’est l’horizon qui s’éloigne où je demeure, enfant de plomb.

Lourd et mol enfant, figé les deux pieds au filet de multiples bienfaits ; comme ces soldats-jouets bien rangés dans une boite où les voici protégés.
Figés sans volonté, saisis et manipulés.

Toxique et fol enfant, suintant sans le savoir dès le départ de ces poisons que découvrent trop tard ceux qui ont pu, ont eu à s’y frotter. Avant parfois de le regretter, ou même pas.

Lourd et mol, toxique et fol enfant de plomb.

Déclaré

Je n’irai pas jusqu’à parler d’amour, que connaît-on de ces choses là, mais il est vrai que je t’aime bien. Je ne m’avancerai pas sur les beaux sentiments, les grands, les nobles et ceux qui durent, les déclarations et la passion. Mais la tendresse et le désir, une certaine délicatesse des plaisirs.
Une légèreté qui n’est pourtant pas sans sérieux, qui s’est attachée sans prétendre au mieux. Un pourquoi pas, un et après plus qu’un c’est bien toi et je suis prêt.

Non pas pour autant le cliché machiste arrogant, usant des filles et de leurs sentiments. Pas plus de tromperies que de coucheries. Beaucoup de tendresse évidemment, de la douceur et des rires, pour le meilleur et loin du pire. Complicité aimable, sans mentir et sans fable.

Je n’irai pas jusqu’à parler d’amour et je les connais ces choses là, même s’il ne faut présager de rien. Les grands sentiments pourraient arriver, sur la pointe des pieds sans s’être annoncés. Mais j’ai tendance à rire de l'idée, à défaut de vraiment y renoncer.

Retour de soirée

Bien sur qu’il y a pire, songeait-elle en prenant le dernier train, feuilletant les horreurs ordinaires du quotidien laissé froissé sur le siège voisin. C’est même certain.
Mais tout de même, et ce n’est pas une question de danger, d’insécurité puisque je laisse à d’autres ces peurs imaginaires intériorisées. Mais ce soir j’aurais aimé rentrer accompagnée.

Du groupe, il y a de la tristesse à s’être ainsi séparés, à ne pas continuer ensemble plus loin dans la nuit, dans la pénombre et les bruits. A devoir se soucier des heures et des trains. Retrouver les néons crus du quai blafard, les sifflements des wagons sales entrant en gare. Il me semble que la laideur serait moins déprimante à plusieurs.
Il y a d’autant plus de tristesse à rentrer seule alors que l’on souhaiterait, plus qu’un groupe un duo. Mélancolie d’humeur à laquelle s’accordent les lieux, le temps, les gens.
Qu’est-il de plus solitaire que le voyageur en gare ? La gare est un lieu de solitude, où la foule se croise et se cotoie sans se connaître, où chacun n’est qu’un électron solitaire sur une route et des plans qui ne sont que les siens, dussent-ils arpenter quelques temps le même chemin de rails et de couloirs. Les gares en témoins de la solitude, où même un groupe n’est qu’un électron plus massif, un atome peut-être mais tout aussi solitaire, traversant un espace qui n’offre aucun ancrage. Lieux où électrons et atomes défilent, dérivent parfois mais non, le plus souvent défilent vers ces objets auxquels ils appartiennent, sans en former en ces lieux.

Oh, rien de grave ou de dramatique et la soirée passée n’en reste pas moins sympathique. Et puis quelle gravité à rentrer seule en bonne santé, à pouvoir sortir, circuler et rentrer seule sans grand danger ?
Situation bien loin d’être universellement partagée. Non, nulle gravité.

Tout de même un petit pincement, une bouffée de regrets pas tout à fait amers mais vaguement déçus, douceâtres. A quoi bon les sourires et la proximité, à quoi bon lui avoir fait –merde quoi- du pied la moitié de la soirée si c’est encore pour rentrer en solitaire ? A quoi bon disposer du luxe d’un hébergement pour soi seule si c’est pour n’y faire entrer que soi même.
Ni vraie tristesse ni frustration mais, oui, une ombre de tendresse et de déception.

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