Il y a ce type, tu sais, qui est entré dans ma vie. Ou bien suis-je entrée dans la sienne ? Collision terrible où deux êtres un peu cramés se trouvent et se reconnaissent.
Et désespèrent à crever, crever d'amour et d'incapacité d'aimer.

Il y a ce type, tu sais, qui est entré dans ma vie. Qui m'a montré que ça pouvait exister, qu'il en était de ceux que j'ai trop cherchés, qu'il en était de ceux dont j'espérais, j'ignorais l'existence. Qui m'a fait miroiter des choses auxquelles j'avais cessé d'espérer, de celles que j'avais juré jamais n'attendre.

Il y a ce type, tu sais, et j'ai déboulé dans sa vie. Lui ai montré que ça pouvait exister, qu'il en était aussi pour lui, de ce qu'il ne cherchait plus, dont il n'espérait plus l'existence. Auquel j'ai fait miroiter des choses auxquelles...

Auxquelles finalement aucun d'entre nous deux ne peut prétendre actuellement.

J'ai l'impression, tu sais, d'écrire un mauvais scénario pour une mauvaise ligne d'édition, de ces romans d'amour à la manque aux couvertures kitsch et clichées, à hauteur des histoires à l'intérieur. Mais t'inquiète donc pas, je ne suis pas de ce bois là. D'ailleurs il paraît plutôt que je suis de glace et d'acier. T'inquiète donc pas, ici pas de clichés pas de sentimentalisme à deux balles. Ici ce sera juste terrible et même pas comme ces drames plein de larmes. Il y a des larmes, mais pas de violons.
La partition de mes relations se passe de rubans et colifichets.

Il y a ce type, tu sais, dont j'ai contribué à brûler des ailes déjà par trop abîmées, albatros abattu en plein ciel. Une âme rare et généreuse, disait-elle, celle qui le connait bien. Tout ça et tellement plus disais-je moi, l'enfant qui donc n'y connaît rien. Et qui reconnait pourtant les siens.

J'avais souri, en causant à cet autre qui sensément me connaît bien, qui vraiment n'y connaît presque rien. J'avais souri, lui avais dit un type comme ça mais si j'en tombe amoureuse je le traîne illico à la mairie. Façon de parler bien sur. Un type comme ça si j'en tombe amoureuse je ne le lâche pas, je le garde auprès de moi et vice-versa, je l'emmène à travers le pays, je partage avec lui mon amour des routes et des bruits, je partage avec lui mon amour des autres et j'en fais mon tremplin pour un mieux, pour tellement de bien. Un type comme ça si j'en tombe amoureuse j'arrête de chercher, j'ai enfin trouvé.

Il s'est embrasé. Magnifié -un temps, du moins.
Je suis pétrifiée. Glacée -chaque instant, au moins.

J'ai constaté froidement la stérilité de mes entrailles -si l'on parle ici du cœur, ailleurs où j'ai trainé mes basques on évoque les tripes en siège des sentiments ; penchée sur la cuvette j'ai tendance à croire ces derniers.
J'ai constaté froidement l'incapacité à l'aimer.

J'ai reçu avec effarement l'aveu de son ressenti -ici le terme est trop pâle d'ailleurs, j'aimerais trouver plus fort tant il est entier, terriblement ; face à la détresse j'ai tendance à esquiver.
J'ai constaté douloureusement ses capacités à aimer.

Il dit c'est comme si, comme si enfin j'avais trouvé l'essentiel et qu'on me l'avait ôté, m'avait dit non rien de ceci ne sera pour toi.
Je dis c'est comme si, comme si j'avais trouvé l'ambroisie nécessaire à ma vie et que j'y fasse au final une putain d'allergie.