Ne dit rien, ni merci ni surtout à demain.
Tu ne sais peut-être pas encore mais il est certain que je ne rappellerai pas. Il est possible que tes sollicitations fassent sonner mon téléphone. Il est peu probable que j'y réponde, tant je ne saurais quoi dire à la voix désincarnée qui ne sonnera que pour baiser.

Oh tu mettras un peu les formes, après tout tu n'es pas le dernier des goujats et puis l'on sert dans ce bars des cocktails plutôt sympa. Ca occupe une heure ou deux, permet de prétendre sortir et ne pas me courir après uniquement pour le lit.
Après tout qui sait, nos conversations pourraient même avoir de l'intérêt.

Mais je sais bien assez froidement que l'échange qui t'intéresse le plus particulièrement relève des fluides et de l'effort, de ces évidences acquises lorsqu'un homme seul invite une femme à boire un verre.

Alors ce soir ne dis rien et sauve toi au petit matin.

Oh prends ton temps, pas d'inquiétude, je t'offrirai le café et la salle de bain, fais comme si tu avais ici tes habitudes.
Ici tu peux fumer, lancer la musique qui te plait et tomber les effets. On peut causer, rire et picoler -la dernière étant possiblement nécessaire aux deux premières.
Ici sens toi chez toi, il ne sera pas dit que je ramène chez moi quelqu'un qui n'y sois pas un minimum à l'aise. Ne t'inquiète donc pas, l'on finira par baiser, c'est ce que tu voulais, après avoir un peu passé quelque moment convenable aux galants.

Elle est belle la décence quand la conclusion n'est qu'évidence et loin de toute passion -il n'en est pas ici question, c'est établi sans pression.
Nous savions pourquoi tu étais là, fin probable et attendue de cette soirée hésitante et détendue.

Et parce que nous le savions, parce que le reste n'était que contexte et conventions, pour toutes ces raisons le rappel est bien hors de question.

Mais pas d'inquiétude surtout, dis toi bien que la soirée ira jusqu'à sa fin. Je ne te chasserai pas, ne jouerai ni les prudes ni les allumeuses esquivant au dernier moment. Non non, tu entreras bien chez moi. Tu m'as voulue, tu m'auras eue, évidement rien d'exceptionnel et ni d'intentionnel.
Non, pas plus voulu de ma part qu'une soirée qui n'eut pas eu cette fin obligatoire. Elle eut été plus belle sans tes avances sues par avance.

Mais nulle inquiétude je ne t'accuse ni ne t'en veux de quoi que ce soit. Je sais ce qu'il en est, je sais où tout cela va, finit toujours par aller.
Ou trop loin, ou cesse tout à fait.
Si j'ai dit oui à ce verre c'est bien que j'en connaissais les risques et les conséquences. Si tu passes à présent la porte en entrant chez moi c'est bien que j'ai choisi d'accepter tout cela.

Nulle surprise et nulle méprise. Mais un peu de ma fatigue et mon mépris.