D'après celle-là et les jours où il semble que rien ne va.

L'hiver, c'était plus souvent. Le dimanche également. Les dimanches d'hiver pouvaient être éprouvants. Il savait bien quand cela arrivait. Sans prévenir, mais il en reconnaissait les premiers symptômes et, presque, s'y préparait.
Il ne disait quasiment rien à personne. Ou plutôt, ne disait rien sauf à quelques personnes, de temps en temps. Quand il ne pouvait pas faire autrement ou même, aux plus proches, selon l'inspiration du moment. Il n'aimait pas mentir, ne serait-ce que par omission.

Il estimait pour autant n'avoir pas à s'étaler auprès de tous.
Fait-on étalage de l'état momentané de ses intestins lorsqu'ils ne vont pas bien ? Sauf pour certains, auprès de quelques uns, d'où tirer d'intimes conseils ou des rires assez peu distingués, s'y distinguer de vulgaire fierté. De même estimait-il n'avoir pas à livrer à tous vents l'état de ses tripes en ces moments. Ou à quelques uns, qui l'auraient bien remarqué, ou auprès de qui, parfois, se faire remarquer.

Car cela prenait au corps et aux tripes, l'enveloppait d'une chappe quasiment hermétique. Il se disait parfois qu'il s'y noyait.
Certains s'étouffaient honteusement dans leur vomi, lui suffoquait de sentiments, de ressentis. Il n'était pas grand monde alors pour lui tenir la tête au dessus de la cuvette.
Il se retirait alors chez lui et en lui. Montait la musique, au plus près des tympans, des chansons lentes et rythmées, un peu tristes le plus souvent. Accordées.
Bien sur que cela l'entrainait à plonger. Mais il ne se sentait pas l'envie d'autres bruits. Aux amis qui proposaient un verre, une sortie, il répondait d'un mot laconique le précisant non disponible. Il est vrai qu'il ne l'était, intérieurement, pas tout à fait. Ils n'avaient pas à savoir exactement ce qui le justifiait.

Il aurait d'ailleurs eu du mal à s'en expliquer. Il avait déjà pu le constater, il avait déjà essayé.
Aux quelques uns l'ayant déjà surpris dans cet état, un peu prostré, larmoyant parfois. A ceux à qui il annonçait qu'il avait été un peu bas. Ceux qui répondaient et s'inquiétaient.
Parfois, avec certains pouvaient-ils éluder. Les rassurer rapidement d'une ou l'autre raison qui n'étaient jamais tout à fait fausses de toute façon. Le boulot, la reprise, un échec ou quelques kilos de trop.
Bien sur, cela y contribuait, y participait. Mois moins pour eux-mêmes que pour ce qu'ils ouvraient, ce qu'ils laissaient rentrer. Remonter. Il est possible de lancer des pierres, des rochers dans l'eau, elle ne se troublera vraiment que si quelque chose, au fond, y est déjà présent. Et c'était ces sentiments là qui le submergeaient parfois.

Il ne savait pas vraiment lui-même de quoi il retournait exactement. Un peu de blues, un peu de nostalgie. Des moments rêvés qui n'arriveraient jamais. Des moments passés auxquels il n'aurait plus droit ni accès. Si ce n'est en souvenirs, avec la coloration d'inaccessible qui les caractérise. Tant de choses passées en mémoire ou qui ne pourraient pas être, ainsi que chacun pouvait en avoir. Sans doute était-il plus faible. Il l'entendait, il l'acceptait.

Et ne pouvait pas s'empêcher de penser, devant l’incompréhension de ceux avec qui il tentait de partager, ne pouvait pas s'empêcher de se demander s'il s'agissait vraiment d'une faiblesse isolée. Il estimait que cela avait rapport aussi avec plus de vie, plus de ressenti, plus riche et plus fourni.