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Jour après jour, la pluie et la boue. Le chemin lent, les sentiers glissants. La terre lourde, qui colle aux semelles et tâche les vêtements. Le corps malade et fatigué. Pris, envasé dans ces maladies d'hiver, ces maux divers où s'accumulent les tracas.
Les aléas et les maladresses qui s'ajoutent et blessent.

Au physique et au moral, être tenté de rendre les armes. Se sentir pris, engoncé dans l'humidité froide où rien ne point, rien n'apparait. Rentrer la tête dans des épaules courbées, offrir le moins de soi même aux brises mordantes. Souhaiter se rouler en boule, se coucher à jamais.
Cesser de sourire -d'autant moins que les lèvres gercées sont douloureuses.
Cesser de rire -d'autant plus que les gloussements glissent en quintes de toux. Désespérer des beaux jours et du redoux.

Aligner le moral au physique et perdre un peu tout sens pratique. S'emmêler les pinceaux, tomber en panne de cerveau. Courir beaucoup, trébucher souvent. Se sentir perdu, emporté de courant. N'être plus au jus, jamais vraiment présent.
Louper des trains et des réparties, se sentir loin, toujours un peu parti.

Et puis.

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A la faveur de quelques heures, gagnées malgré soi, à la faveur d'une erreur.
Croiser le soleil et la lumière et même, y croire, un peu de chaleur.
Bien sûr la terre reste gorgée, bien sûr le chemin glisse encore sous le pied. Bien sûr l'hiver est encore là, bien sûr que le vent reste froid.

Mais surprendre un rayon de soleil et s'y reposer mieux qu'en sommeil.
Retrouver la lumière et la laisser faire, laisser caresser une peau assoiffée. Réchauffer une âme affamée.
Tomber sur le soleil sans l'avoir attendu, pouvoir en profiter sans l'avoir vraiment voulu.

Laisser la lumière et la chaleur effacer un peu la fatigue et la peur.
Se sentir lavé, bien plus qu'avec la pluie tombée.
Retrouver un peu de vigueur et de foi, la lumière ayant dissipé le froid.

Recommencer à voir -les nuées d'étourneaux, les couleurs à nouveau.
L'espace d'une heure sur un banc, fouetté par le froid et le vent, s'en sentir grisé, réchauffé d'un rayon et de la lumière apportée.
Un instant se ressourcer. Se retrouver.
Oublier, un moment, les autres et les maux. Retrouver, pour un temps, le silence et les mots.
Etre, une heure. Avoir rassemblé, recollé les morceaux dispersés. Vouer une gratitude immense au temps et à ce présent d'un moment.

Regonflé. Rassuré. Ressentir à nouveau, dans tout son être et jusqu'aux os, les messages immémoriaux du renouveau.
Après l'hiver vient le printemps... Même le froid fera son temps !
-et reviendra c'est évident ; mais cette chaleur entre temps !

Sur la route embourbée, l'espace d'un instant avoir entrevu l'étape et les promesses du temps. Gouter avec une émotion contenue l'avant-gout, la trêve du froid et de la pluie. Y recharger ses batteries.

Bien évidemment se relever et rentrer. Retrouver la course et les fatigues, et les autres et les devoirs.
Mais s'être, une heure durant, retrouvé, ressourcé.