Enfant de plomb
Vite dit - Par Gabrielle - mardi 5 février 2013 - Lien permanent
C’est l’horizon qui s’éloigne où je demeure, enfant de plomb.
Lourd et mol enfant, figé les deux pieds au filet de multiples bienfaits ; comme ces soldats-jouets bien rangés dans une boite où les voici protégés.
Figés sans volonté, saisis et manipulés.
Toxique et fol enfant, suintant sans le savoir dès le départ de ces poisons que découvrent trop tard ceux qui ont pu, ont eu à s’y frotter. Avant parfois de le regretter, ou même pas.
Lourd et mol, toxique et fol enfant de plomb.
Commentaires
Alors qu'ici on aurait dû lire d'abord, quelque chose de moins triste. Un texte, dans lequel tu avais aussi le beau rôle, mais plus amical. Serais-t-il, tristement pour nous autres, sans cesse plus facile d'afficher en premier que notre douleur est la solitude, alors même qu'elle est choisie...de plus en plus choisie jeune...hem... amie.
Si loin dans l’horizon qui s’éloigne et pourtant, si proche de mon cœur, j’entends, la raison de celle-ci arpentant l’écho de mes douleurs.
Elle cherche l’amour, et le cherche si vite, que je ne suis qu’une ligne facile sur son clavier de fuite et d’oubli.
J’observe en secret ses yeux qui sourient, et qui brillent sur l’écran d’un autre, autant qu’en surbrillance sur son visage d’ailleurs, mon absence cafarde l’habitude éclairée de mon néant ;
Je n’existerais pas, selon elle. Je le lis dans le miroir lorsque ma gueule de chien affamé m’est renvoyée, solitaire et hirsute, mélancolique et bâclée, lucide est perdu.
C’est presque beau de ne pas exister, c’est une expérience que je recommanderai un jour, lorsque la mort et ses tentations en auront enfin terminé de me balancer d’une corde à l’autre.
C’est idyllique de ne pas être, pour une fois. De renaître, en existant à peine, sur le coin inférieur d’un tableau où l’on sent qu’une vie pleine commence son esquisse.
Il est douloureusement exquis de constater que se liquéfie sa toile de maître, et s’efface toute l’expression travaillée, usée, esthétique et millimétrée de sa propre vie, dans le seul regard brillant d’une jeunesse en beauté, arrogante, et à tête chercheuse.
Et la bêtise ! Que dire de la bêtise, qui, mille ans, a été feinte dans le but de se faufiler en mille lieux d’existence, et qui, aujourd’hui, est sauvagement créditée de peinture réelle, sur la palette où la pratique du projet insouciant est immédiate.
Si loin, est-ce mon écho, ce cœur qui bat sur sa poitrine ?
J’ai oublié ma fuite un seul instant, et me voilà pris dans les filets où les mondes organisent leurs frontières ?
Et si c’était cela, voyager enfin libre ? Laisser s’éloigner l’horizon, et lentement, s’autoproclamer destitué d’office, pour humanité accomplie.
Rejoindre l’autre rive, révélé maintenant, et attendu.
Cette liberté de la pensée émue, est-elle réellement inattendue ?
Si près, est-ce l’écho plat de mon âme qui rejoint la fin de ce monde, après l’ultime preuve de compréhension ?
Et le mensonge ! Que dire du mensonge, qui, mille ans, a été subi dans l’intérêt possible des humanités effrayées par la potentialité de leur courage.
La lucidité est le réceptacle de la grande comédie humaine.
Si loin de l’horizon qui s’éloigne et pourtant, si proche de mon cœur, j’arraisonne, la lucidité de celle-la arpentant l’écho de mes douleurs.
Elle cherche le vent, et le pirate si vite, que je ne suis qu’une ligne factice sur son clavier de fuite et d’oubli.
Cribas 04/02/2013
Sacha il n'est point ici question de solitude, point tout à fait. La douleur n'est -pour une fois ?- pas vraiment celle-là.
Quant à l'autre texte, il viendra. C'est la forme qui m'arrêtait cette fois, tant pis pour elle, et pour moi, la publication sera tout de même au plus tôt.
Cribas, parlons-en justement, de textes moins tristes. Enfin, du Cribas, n'est-ce pas ? Où l'on grince des dents, secoue la tête et grimace un peu en se disant... Littérature, encore et toujours.
Evidemment, l'horizon qui s'éloigne était ton idée. Ma foi, je me permets de la partager.
N'es-ce-pas? Lire du Cribas ce n'est pas plus triste que lire autre chose, ou pas moins... Certains trouvent Cribas hilarant, au même endroit où d'autres grimacent; parfois, m'a-t-on aussi précisé en cachette, à la même ligne exactement...La littérature? J'essaie de la respecter un peu, alors tu penses bien que je n'irai pas lui faire l'affront d'aller déposer, ailleurs que sur un banc peut-être, la paternité d'une note froissée et griffonnée portant sur un quelconque "horizon qui s'éloigne..."
Non, vraiment, j'ai mis mon texte ici car j'en aimais sa résonance avec le tien. Je résonne avec toi comme je peux...(et je peux peu, comme m'a soufflé récemment jusqu'à m'en faire vaciller, la lucidité)
Souris, c'est du Cribas!
Au temps pour moi alors Gabrielle. J'ai dû lire trop vite, une fois n'est pas coutume, et aurais alors immédiatement considéré la première ligne, en plus de la solitude que j'ai toujours ressenti pour ces "soldats de plomb" qu'on prend, qu'on place sur une carte puis qu'on range ensuite/enfin dans leur boîte, sans rien leur demander, en les regardant à peine.
Je me permets d'ailleurs d'envoyer tes lecteurs vers ce texte d'Abd Al Malik "Soldats de Plomb", que tu connais à coup sûr: http://www.youtube.com/watch?v=8md-...
La solitude est partout, n'est ce pas? Même lorsqu'elle se cache, nous masque, se donne des airs entourés...etc...etc"...donne moi la main...donne moi la main..." (comme dans le texte de Abd Al Malik)
>digression narcissique> http://cribas.fr/post/2007/01/21/De...Cribas tu sais, tu peux le savoir, qu'en termes de résonnance les instruments jouent depuis long déjà deux voix d'une partition commune. Et reconnue.
Je souris, parfois, sur du Cribas. Ou bien j'y prends froid. Mais hey, qu'importe le fond, tant qu'il y a sensation ! -quelle qu'elle soit.
Sacha merci pour ce lien que je ne connaissais pas. Jolie coïncidence même si je suis loin de ce monde là -les milieux, tout ça, tout ça. Le rap a bien récupéré ce message de révolte et dénonciation -et les banlieues ont lâché Renaud pour Sexion d'Assaut.
D'autres aussi restent debout et sans doute y aura-t-il sous peu un peu de musique proposée ici -trop de signes musicaux dernièrement pour être oubliés.
Quant à l'autre lien... Parlons en de résonnance, me rappeler à ces lectures anciennes qui m'accompagnent et m'avaient ancrée chez toi...