Je sais que je peux être agaçant, un peu pénible à la fin à t'observer et te toucher ainsi tout le temps et sans fin.
Mais accepte, s'il te plait, juste un peu, presque rien.

J'aime ta présence qui réchauffe et fait du bien.
Je révère ton corps magnifique si loin du mien.
Alors tant que cela dure et se maintient, je brûle la chandelle aux deux bouts et ne brûle que de ta présence un peu plus.

Parce que je sais aussi, avec la certitude de l'immédiat et de l'habitude, un quand bien plus qu'un si, sans quiétude, qu'il viendra un moment où sera rompu l'enchantement. Qu'un jour ce regard qui me remue n'évoquera plus rien qu'un peu de passé, nostalgie douloureuse de n'être plus ressentie vivante aujourd'hui. Que ce corps qui m'attire et brûle mon désir ne fera plus vibrer qu'à peine un peu d'envie, pour voir et tromper l'ennui. Si ta présence survit cependant à l'agacement et au dégoûts qui auront précédé.

J'ai peine à croire qu'il viendra un jour où je ne serai plus heureux de te voir.
Mais plus que croire, sais-tu, ais-je véritablement peine à le savoir. Tristesse effarée. Pourtant je sais, non par quelque étrange pressentiment mais bel et bien parce qu'il est d'ors et déjà certain que toutes les histoires ont une fin.
Bien sur certaines durent et perdurent des années, des décennies, parfois des vies.
Mais au prix de certains conflits et compromis, que je ne suis pas apte à faire aujourd'hui.
Et l'on parle encore ici des belles histoires, dignes des contes et des romans, des grands noms de l'émerveillement. Nous en sommes si loin en ces moments !
Une histoire pourrait être le mot. Une aventure à la con, apparue par conjoncture, disponibilité momentanée et sympathique réciproque. Un jour on se lassera comme on se lasse de beaucoup. De tout ce qui a paru mais n'a pas, finalement, compté beaucoup.

Alors tu as beau représenter un concentré de ce que tout homme ou presque aimerait trouver, je sais qu'il viendra bien un moment où je me lasserai.
Je me dis que peut-être, si tu n'en as pas, toi, eu marre avant, qu'alors partir te sera pour le mieux, te permettra enfin de trouver entourage et moitié propre à durer, peut-être à construire.
Si tu pars avant, bien sur que je m'effondrerai d'avoir été jeté. Mais quand je finirai par me relever, ce sera pour y reconnaitre au milieu de ces sentiments violents la marque d'un certain soulagement.