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Eclats de vies - Par Gabrielle - mardi 30 avril 2013 - Lien permanent
Suite tout d'abord d'ici et plus récemment d'ici...
Je viendrai, c'est
évident, je ne manquerais cela pour rien au monde.
Je souris déjà à
t'imaginer. Tu auras la robe la plus blanche et la plus fournie en
dentelles qu'il t'aura été possible de trouver. Et sur toi elle n'aura
pas le ridicule qu'elle aurait à m'approcher ; sur toi elle
ira, resplendira.
Vous formerez l'un des plus beaux couples qu'il est permis
d'imaginer. Toi mince et douce, impeccablement maquillée, coulée
dans une robe imaginée, adaptée au millimètre près. Je n'ai pas
oublié cette couturière parmi tes amies, à qui tu envisageais déjà
de proposer tes projets.
Et que dire de ton homme,
le sportif devant l'éternel, à la carrure étonnante !
Tu m'avais raconté ton
étonnement ravi, la première fois dans ses bras et son lit. J'avais
souris et pensé qu'il gagnait des points, par sa taille et sa
carrure. Non point tant pour l'aspect recherché, même si tu
m'avouais ta fierté quand les filles se retournaient sur son
passage.
Mais ce n'était pas tant
la beauté qui te plaisait, que cette impression de force qui te
rassurait. Tu aimais te blottir dans ses bras, tu me disais avoir l'impression là que plus rien ne pourrait t'atteindre vraiment.
Je souriais, je
comprenais, ton besoin d'être entourée, rassurée, protégée.
Entourée de ceux qui
t'aimaient. Notre rencontre au bout du monde avait bien témoigné de
ce besoin qui te pesait dans l'exil de nos entourages respectifs. Tu
m'avais ouvert vite et loin les portes de tes rêves et tes désirs,
rattrapant ainsi le temps qui nous manquait pour être intimes.
Rassurée sur ce que tu
valais. Tu m'évoquais souvent tes craintes et tes doutes sur la
qualité des travaux que tu rendais, sur tes chances et l'avis de
ceux que tu rencontrais.
Rassurée, aussi, sur tes
capacités, ta féminité. Combien de fois t'étais-tu surprise à
draguer, juste pour confirmer que cela marchait ?
J'en ai fait les frais
parfois, quand tu m'ôtais sous le nez l'attention d'un type avec qui
je flirtais. Vrai que je ne pouvais pas lutter ! Tu finissais
par le monopoliser et je vous observais, ravalant rapidement ce qui
n'était même pas de la rancoeur. Un certain amusement plutôt, tant
je me fichais bien du dragueur et connaissait en revanche tes besoins
et tes peurs. Je trouverais d'autres histoires ou m'en passerai aussi
bien comme le plus souvent en ces soirs.
On en riait après, plus
tard, quand tu venais m'avouer ton sentiment de culpabilité d'avoir
dragué quand ton homme t'attendait là bas, distant de milliers de
kilomètres et de quelques mois.
J'ajoutais en riant qu'en
plus d'avoir manqué le tromper c'est un coup que tu m'avais grillé
-pour au final t'en dégager avant d'aller trop loin, par respect et
fidélité pour ton copain, tous ces aimables lien qui ne me
concernaient en rien.
Et puis tu m'avais sauvé
quelques fois la mise et la soirée, parfois même sans t'en
apercevoir comme tu ne t'apercevais pas me piquer mes conquêtes. En
attirant à toi l'attention de l'un qui me gonflait, d'un autre
choisi par défaut, quand je ne souhaitais d'une soirée qu'un peu
d'amitié et de partages.
Tu me disais dure en
amours, comme on le dit d'autres en affaires. Tu te félicitais
sincèrement de mon bonheur quand je pensais avoir croisé enfin
quelqu'un de bien. Mais c'était rare et en attendant tu me disais
profite, on ne vit qu'une fois, profite d'autant plus que tu n'es pas
engagée toi.
Je souriais, tu savais
bien comme moi que tout cela ne marchait jamais tout à fait comme ça.
Tu avais besoin de
séduire qui que ce soit pour être rassurée, séduisante et le
savoir. Je ne savais pas me contenter sans arrière-pensée d'un coup
d'un soir quand il ne me plaisait pas tout à fait.
Vrai que tu lui en as
fait voir à ton homme resté là bas, tandis que tu t'éclatais avec
-plus que ?- moi.
Mais j'espérais qu'il
pardonnerait, qu'il comprendrait aussi tes repentirs que je savais
sincères.
J'espérais car comme toi
je savais que c'était lui, que c'était toi, que vous formiez le
couple le plus improbable et pourtant le moins voué à voler en
éclat. Vous étiez de ceux assemblés pour convoler et durer.
Tu me faisais rire en me
racontant vos débuts, quand tout n'était parti que d'une histoire
d'un soir et convenue. Vous saviez que cela ne durerait pas,
attendiez simplement que l'autre se charge des premiers pas d'une
rupture attendue.
Et puis ça a tenu.
Et puis tu es partie -en
géographie seulement, car ni de ses pensées ni de votre relation-
et revenue et les liens non seulement perduraient comme s'ils ne
s'étaient jamais distendus mais bien plus s'étaient ravivés,
enrichis. Avaient mûri.
Aujourd'hui vous signez
l'achèvement ou le consentement de leur valeur et leur solidité. Il
est évident que je viendrai.
Je m'habillerai et
parlerai bien, n'ai crainte même si je sais bien que tu n'associes
ni mes mots ni mes parures au satin. Tu seras peut-être surprise de
me voir entrer si bien dans les codes attendus. Non, je n'aurai plus
ces grosses bottes à crampons qui accompagnaient tes talons. Je
mettrai bien en valeur selon les codes et les usages attendus ce
corps pourtant loin des modes et tout en déconvenues.
Je sais bien n'être pas
mignonne ainsi, voilà bien pourquoi c'est autrement que je séduis
ou le tente du moins, un peu plus camouflée sous quelques airs de
garnement.
Mais qu'importe après
tout puisque je ne viendrai pas tout à fait pour être jolie. Pas
plus que pour être polie mais bien pour toi, pour la joie mon amie.
Je devine déjà que tu
me placeras à la table des élibataires où s'échangeront sans
doute un peu de regards et de séduction, quelques numéros voire un
peu de passion.
Qui sait, peut-être
entrerais-je à l'hôtel accompagnée. Je doute pourtant fort d'en
sortir ainsi, de construire avec un, avec lui. Ne t'avise pas de
jeter en ma direction l'inévitable bouquet que je me chargerai bien
d'esquiver. Nul besoin à dire vrai, tant il sera de mains pour le
vouloir et l'ôter prestement de mon chemin.
Ma belle si tu savais
la joie que m'apporte ici et aujourd'hui la réception de ce carton.
Joie pour toi, sincère et sans jalousie.
Je ne suis pas tout à
fait de tout ça, j'en ai pris le pli à défaut d'en avoir vraiment
fait le choix.
Qui sait, peut-être
resterais-je encore un peu là bas, certainement retournerais-je
faire signe aux miens. Peut-être même arrêterais-je pour de bon,
trouverais-je cette fois-ci le bon...
Mais il est plus probable
que je reprenne en fait le chemin du tarmac et des tropiques où je
retrouverai le hamac et sa place unique. Et puis qui sait peut-être
un jour tout cela finira bien par changer.
Ne t'en fais pas pour
moi, j'ai pris le pli à défaut d'en faire vraiment le choix.
Parti(e) de vie ?