Fin convenue, fille déçue
Instantanés - Par Gabrielle - lundi 8 avril 2013 - Lien permanent
Ne dit rien, ni merci ni surtout à demain.
Tu ne sais peut-être pas
encore mais il est certain que je ne rappellerai pas. Il est possible
que tes sollicitations fassent sonner mon téléphone. Il est peu
probable que j'y réponde, tant je ne saurais quoi dire à la voix
désincarnée qui ne sonnera que pour baiser.
Oh tu mettras un peu les
formes, après tout tu n'es pas le dernier des goujats et puis l'on
sert dans ce bars des cocktails plutôt sympa. Ca occupe une heure ou
deux, permet de prétendre sortir et ne pas me courir après
uniquement pour le lit.
Après tout qui sait, nos
conversations pourraient même avoir de l'intérêt.
Mais je sais bien assez
froidement que l'échange qui t'intéresse le plus particulièrement
relève des fluides et de l'effort, de ces évidences acquises
lorsqu'un homme seul invite une femme à boire un verre.
Alors ce soir ne dis rien
et sauve toi au petit matin.
Oh prends ton temps, pas
d'inquiétude, je t'offrirai le café et la salle de bain, fais comme
si tu avais ici tes habitudes.
Ici tu peux fumer, lancer
la musique qui te plait et tomber les effets. On peut causer, rire et
picoler -la dernière étant possiblement nécessaire aux deux
premières.
Ici sens toi chez toi, il
ne sera pas dit que je ramène chez moi quelqu'un qui n'y sois pas un
minimum à l'aise. Ne t'inquiète donc pas, l'on finira par baiser,
c'est ce que tu voulais, après avoir un peu passé quelque moment
convenable aux galants.
Elle est belle la décence
quand la conclusion n'est qu'évidence et loin de toute passion -il
n'en est pas ici question, c'est établi sans pression.
Nous savions pourquoi tu
étais là, fin probable et attendue de cette soirée hésitante et
détendue.
Et parce que nous le
savions, parce que le reste n'était que contexte et conventions,
pour toutes ces raisons le rappel est bien hors de question.
Mais pas d'inquiétude
surtout, dis toi bien que la soirée ira jusqu'à sa fin. Je ne te
chasserai pas, ne jouerai ni les prudes ni les allumeuses esquivant
au dernier moment. Non non, tu entreras bien chez moi. Tu m'as
voulue, tu m'auras eue, évidement rien d'exceptionnel et ni
d'intentionnel.
Non, pas plus voulu de ma
part qu'une soirée qui n'eut pas eu cette fin obligatoire. Elle eut
été plus belle sans tes avances sues par avance.
Mais nulle inquiétude je
ne t'accuse ni ne t'en veux de quoi que ce soit. Je sais ce qu'il en
est, je sais où tout cela va, finit toujours par aller.
Ou trop
loin, ou cesse tout à fait.
Si j'ai dit oui à ce verre c'est bien
que j'en connaissais les risques et les conséquences. Si tu passes à
présent la porte en entrant chez moi c'est bien que j'ai choisi
d'accepter tout cela.
Nulle surprise et nulle
méprise. Mais un peu de ma fatigue et mon mépris.