Jours gris (2/3)
Eclats de vies - Par Gabrielle - dimanche 1 septembre 2013 - Lien permanent
Suite d'ici
L'agréable autant que le
mauvais.
Il se sentait souvent
plus heureux, plus enthousiaste pour un rien, émerveillé parfois
jusqu'à la naïveté, par des riens du quotidien que nombre ne
daignaient même pas remarquer. Pire, s'il lui arrivait de leur
pointer du doigt ce qui le faisait sourire ou trépigner, ne voyaient
vraiment pas de quoi s'alarmer.Ils ébaucheraient à peine un sourire
un peu mécanique où moi riait à gorge déployée ; il sentait
la pique où d'autres se sentaient à peine effleurés.
Non pas la peur, la peur
pour lui mais l'influence trop souvent de grands soucis auxquels il
ne pouvait évidemment rien. Les malheurs du quotidien lui étaient
souvent pénibles et broyaient son humeur en laissant remonter
regrets et peurs.
Mais qui peut contre la
misère et la faim ?
Tout un chacun.
Les vagues qui le
submergeaient en ces moments là tenaient de la conscience aiguë de
l'horreur épandue sur le monde, amplifiés de l'indifférence au
quotidien qui y répondait généralement.
Les lames de fond étaient
bien entendu plus personnelles. Egoïstes même. Elles tenaient de
ses échecs personnels, d'un égotisme refusant de les accepter.
D'une fierté blessée de se sentir bien loin d'humains de qualité
auxquels elle estimait appartenir. D'un ego blessé que son support
ne ressemble en rien à ce qu'il aurait espéré, estimé mériter.
Plus beau, plus fort, plus vif de corps et d'esprit. Ces lacunes en
lui, fermement ancrées dans une faiblesse de volonté l’entraînaient
à s'y vautrer. Il le déplorait.
Oui c'était bien ce
qu'il faisait dans ces moments prostrés. Il déplorait. Déplorait
le monde et ses atrocités, les hommes et leur cécité, lui même et
ses incapacités.
Il savait bien que cela
ne servait à rien. Il plongeait, parfois loin, mais n'en rapportait
rien. Qu'une horreur ancrant ses certitudes et des peurs bousculant
les hésitations et incompréhensions. Il se détestait plus que
jamais, en ces moments délicat. Se retirait pourtant, ou se voyait
tiré en lui, regard tourné vers l'intérieur et l'horreur.
Il n'aimait pas ces
moments. Evidemment. Ne semblait pourtant rien faire expressément
pour y échapper. Se réfugiant, s'enfermant dans un isolement
déprimant, fuyant les autres le plus souvent.
Parfois sortait-il
pourtant, retrouvait ses amis en souriant. Il savait faire illusion
jusqu'à tromper tout à fait presque tout un chacun.
Quelques heures jusqu'au
matin. Quelques jours, peut-être bien.