Moi je ne sais pas grand-chose alors bien sur des fois ça ne va pas. Entre les choix, l’âge et les gravats. Les croisements mal indiquées, les sentiers mal balisés et ceux qui font mal aux pieds. C’est un peu galère de s’y retrouver parfois.

Et je ne crois pas, d’ailleurs, y être arrivée. Il n’y a pas de voie royale, elle n’est même pas pavée. Au point où l’on en est je prendrais même un sentier.

On parle de construire. Prévoir et planifier, envisager, épargner, empiler pierre après pierre et bâtir une vie solide et fournie. Je ne suis pas très douée en BTP. Construire et durer, figer et rester. C’est effrayant et un peu embêtant d’avouer qu’on ne sait pas trop comment ça devrait être fait.

Bâtir. Je suis plutôt pas mauvaise à monter des tentes des inconnus m’ont applaudis une fois pour ma dextérité à en replier.

Rester. L’automne revient déjà et l’appel de l’horizon n’aura même pas cessé cette année.

Je ne sais pas grand-chose de tout ça. J’accueille avec joie les nouvelles et les cartons, trouve des présents et prévoie des jours à bloquer, l’achat de quelques robes jolies pour les églises et les mairies. J’essaie de ne pas frémir en annonçant venir accompagnée, comme un peu stressée de l’énormité -ça semble beaucoup présager mais on a dit qu’on essayait de durer.

J’apprends, petit à petit. Je fais des trucs et d’autres différents et j’essaie que certains durent un peu plus longtemps.

J’écoute un ami parler des prochaines années, des achats immobiliers aux voyages avec sa fiancée et je suis fascinée par la certitude qui irradie de lui. C’est très beau.

J’observe une amie vieillir et mûrir avec sa vie pleine et solide. Bien sur que je l’envie, sans rancoeur ni douleur mais avec l’émerveillement de constater quelque chose étrangement hors de ma portée. Comme la physique quantique, le piano ou la mécanique auto -vastes sont les catégories hors de ma portée ! C’est pas grave et s’il faut je pourrai me forcer -j’ai bien réussi à vidanger.

Même s’il faut le dire, bâtir ça semble hors de portée. Amasser et construire.

J’arpente un peu la vie du bout des pieds. Qui se cognent parfois dans des coins de tables pas du tout métaphysiques. Pas toujours assurée, malgré de sacrées lignes de vie homologuées.

Rien construit mais traversé, rien bâti mais ramassé.

Construire et semer, ce sont des routes et des miettes de pain.